Deux artistes de générations différentes, dont les univers visuels, émotionnels et conceptuels semblent néanmoins se conjuguer et s’amplifier au sein d’une exposition faisant ressortir une affinité d’intérêts et de sensibilité. Les projets photographiques conçus par Donigan Cumming dans les années 1980 et ceux de Matthieu Brouillard, réalisés depuis 2003, proposent un contact inusité avec la mise en scène et le portrait photographiques.

Chacun des artistes exploite admirablement bien la richesse des nuances et l’intensité des contrastes que permet la photographie noir et blanc. À ces qualités esthétiques généralement appréciées dans l’art photographique s’ajoutent une netteté de l’image et une clarté des détails qui, étrangement, se heurte à une réalité imprécise, offrant des contours troubles : imprécision des lieux et incertitude des émotions. Les œuvres expriment ainsi une tension latente (parfois hurlante) entre l’être et le réel. À travers des actes de résistance ou d’abandon, une scénographie déconcertante ou une misère réelle, les univers de Cumming et Brouillard suscitent un sentiment de malaise, teinté de curiosité et de sympathie.

Mathieu Brouillard

Donigan Cumming