Figura - portraits d'une collection
- Exposition temporaire
- 24 octobre 2009 au 09 mai 2010
- Commissariat : Martin Labrie
Il ne faut pas se méprendre, il ne s’agit pas du portait d’une collection, mais bien de portraits d’une collection. La nuance est subtile, mais importante. L’exposition met en valeur, sous le thème du portrait, une douzaine d’oeuvres tirées de la collection permanente du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul ; couvrant ainsi, de Kathleen Daly à Daniel Oxley, 70 ans de réflexions esthétiques, de recherche d’art et d’âme.
Avec l’avènement de la photographie au milieu du XIXe siècle, on aurait pu penser que les peintres cesseraient de s’intéresser au portrait. Et pourtant, encore aujourd’hui, ce genre pictural occupe une place de choix dans les démarches d’artistes contemporains.
Le portrait est une transcription (ou une interprétation) qui cherche souvent à rendre l’apparence d’une personne (quel que soit le degré de réalisme). Par de nombreux indices tels que la pose ou l’expression de la physionomie, le portrait peut également révéler la sensibilité et l’univers intérieur du modèle. Avec le portrait, plus qu’avec tout autre genre pictural, l’artiste traque les facettes d’une personnalité. Il peut choisir de donner au visage une attitude révélatrice des pensées de son modèle, comme il peut tout aussi bien installer une distance entre le spectateur et le sujet peint ; refuser la rencontre entre ceux-ci, perturber la lecture d’un état d’âme, voiler l’état d’esprit. Le plus souvent, il s’agit d’un type d’art à envisager sous l’angle du déchiffrement. Ne l’oublions pas, si le portrait naît de la rencontre de deux individualités (le peintre et son sujet), il est souvent rencontre avec soi-même.
Si certains visages s’offrent aux regards, invitent à la rencontre et à la compréhension, d’autres se ferment à tout dialogue, à toute tentative d’identification. Tel est le cas du personnage de Daniel Oxley : yeux grand ouverts, hypnotiques, installant un effet de distanciation, d’étrangeté. Ainsi, certains visages n’appartiennent à personne. Ils ne font que représenter des états d’âme déroutants… l’état d’une humanité ? Le photographe portraitiste Philippe Bazin déclarait : « Un visage est aussi le résumé symbolique du cosmos, et donc de toute l’humanité. Je fais plus le portrait d’une humanité que celui d’individus pour leurs qualités psychologiques et humaines particulières. » Dans une certaine mesure, c’est à ce type de réflexion que nous convie l’exposition Figura : portraits d’une collection. Certes, l’art du portrait témoigne d’un intérêt pour l’individuel, mais parfois, au travers de l’individu, transparaît une idée plus générale, celle de l’être humain.